lundi 28 mars 2011

Dialogue de bêtes


─ Dis, Raymonde, t’as vu un peu le ventilo que le voisin a installé pour ses bêtes ? La taille qu’il a !... Ah lui au moins, il se soucie du confort,  du bien-être de nos pareilles : en cas de canicule, ses vaches à lui, elles sont parées ; une brise fraîche et légère – et salutaire – leur régalera l’échine.
─ Ma pauvre chérie, tâche de faire un peu attention à ce que tu manges, de choisir un peu mieux tes herbes… Ton esprit bat la campagne*, passe-moi l’expression ! Ce que tu prends pour un ventilateur, c’est une éolienne, eh grande sotte ! Ça ne sert pas  à faire du vent, ça sert à faire de l’électricité. Avec du vent ! Et ça fait même du blé, par-dessus le marché.
Avant, le vent représentait l’idéal inatteignable de la fureur marchande des hommes. Eh bien, là, maintenant, ça y est, c’est dépassé : le vent s’achète, le vent se vend. Alors vive le vent, hein !... Vive le vent frivolant et… et surtout rémunérant ! Et les éoliennes ! Les belles éoliennes aux reflets d’argent…

                    Photo de Jean-Claude JAVAUX et légende de Zapf DINGBATS

*Tu déraisonnes.

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