mardi 28 septembre 2010

Activité en rapport avec la semaine de la langue française

Depuis la mi-septembre, deux réunions ont eu lieu pour amorcer des projets à développer en vue de la semaine festive du 12 au 20 mars 2011.
L'une des participantes, partenaire potentielle de 'Verviers, ville des mots 2011', a proposé qu'un mega atelier d'écriture soit organisé. A ceux qui sont curieux de voir comment une telle activité se déroule, elle fait part d'un rendez-vous à Liège, le 16 octobre 2010.

jeudi 23 septembre 2010

Verviers sera la prochaine ville des mots de la Communauté française de Belgique !

Dans le cadre de l'opération 'la langue française en fête', Verviers a été désignée comme la prochaine ville des mots en Communauté française.
Du 12 au 20 mars 2011, les rues du centre ville seront parées pour fêter la langue française telle que nous la pratiquons quotidiennement, avec nos expressions, nos tournures, nos accents.
Les verviétoises et les verviétois sont appelés à rejoindre le réseau naissant de ceux qui préparent dès à présent cet événement culturel : chacun d'entre nous peut proposer des créations visuelles ou auditives, des lectures, des jeux de mots, des expositions, etc.
Le thème retenu pour 2011 est 'solidarités'.
En outre, dix mots ont été choisis par les partenaires au niveau international (Communauté française de Belgique, France, Québec, Suisse et Organisation internationale de la francophonie) pour développer l'imaginaire autour du thème central :
accueillant - agapes - avec - choeur - complice - cordée - fil - harmonieusement - main - réseauter

  

mercredi 22 septembre 2010

Pourquoi on parle le français (ou presque) à Verviers ? (II)

2ème partie : la colonisation franque
Verviers est à 15 km de la frontière séparant le français du néerlandais. On considère généralement que celle-ci date de l’époque romaine et est due à la présence durable des Francs Saliens (à partir de 358 après JC et davantage encore après 406, date de l’effondrement généralisé de la frontière rhénane de l’empire romain) : ceux-ci sont réputés avoir apporté dans le Limbourg et dans le Brabant belgo-hollandais une variante du germanique septentrional (devenu plus tard le bas-allemand), langue mère du flamand.
Cependant, l'histoire de l'installation des Francs dans le nord de l’actuelle Belgique reste mal connue, faute de sources historiques.
Certains faits sont quand même à considérer comme probables:
Au milieu du IIIème siècle, après plus de deux siècles de pacification, la domination romaine commence à péricliter au nord de l’empire. L’incursion victorieuse des Alamans vers la Suisse en 258 marque le début de la fin. Brusquement, le pouvoir à Rome ne contrôle plus sa frontière germanique. En réaction, l’armée romaine du Rhin proclame l’Empire des Gaules qui va durer de 260 à 274. Cet ‘Empire’ s’appuie sur les Francs.
En 275, après la réunification de l’empire sous Aurélien, les Francs (courroucés par une perte d’influence ?) ravagent Tongres et détruisent une soixantaine de vicus en Gaule (par exemple Valkenburg). Ils arrivent même à Paris. En 277, l’empereur Probus réorganise la Germanie romaine en intégrant les combattants francs dans l’armée romaine (d’après les Panégyriques latins et le récit de Zosime au Vème siècle). C’est le début d’une longue histoire…
Qui sont les Francs ?
En raison des lacunes des textes latins, l’origine des Francs s’est prêtée à de nombreuses hypothèses et légendes.
Tacite, qui se veut exhaustif dans son catalogue Germania (en 98), ne parle pas des Francs. Pour beaucoup, l’histoire des Francs s’identifie à celle des Sicambres (Sugambri chez Strabon), peuple germanique cité dans La Guerre des Gaules de Jules César. Les Sicambres occupent les immenses forêts de la rive droite du Rhin (au-delà de Cologne).
« Courbe la tête, fier Sicambre » aurait dit l’évêque de Reims, Rémi, à Clovis, roi des Francs, en 499 (?), selon l’histoire racontée un siècle plus tard par Grégoire de Tours (Histoire des Francs, II, 31).
Le nom ‘Francs’ apparaît dans Histoire Auguste (œuvre romaine attribuée par certains à Nicomaque Flavien, fin du IVème siècle) qui les situe comme ennemis en 240. En ce temps-là, Aurélien (qui n’est encore que tribun) parvient, selon le récit, à remettre les Francs à leur place, soit sur la rive droite du Rhin. Mais cet écrit date d’une époque où les Francs sont bien connus. Probus a combattu les Francs et le fils de l’empereur Constantin, Crispus, les a vaincu en 320.
Une identité entre les Sicambres et les Francs est établie dans des écrits romains du Vème siècle (Claudien, Sidoine Apollinaire). Les Romains ont effectivement combattu les Sicambres en 12 avant JC (campagne du général Drusus racontée au IIIème siècle par Dion Cassius). Les Sicambres sont considérés par les Romains comme les plus intransigeants et les plus influents des Germains (sans leur accord, Auguste ne peut pacifier la frontière du Rhin). Suétone avance au début du IIème siècle qu’Auguste et Tibère déportèrent juste avant notre ère les Sicambres sur la rive gauche du Rhin (le nombre symbolique de 40.000 est mentionné), ce qui en termina pour un temps avec la résistance des Germains à l’empire.
De cette funeste dispersion des Sicambres, on peut tirer qu’à l’époque de Clovis et sans doute bien auparavant, le terme ‘Sicambre’ serait devenu un épithète, synonyme de ‘résistant à la romanité, l’évêque Rémi l’utilisant en plaisanterie.
Une autre explication consiste à rappeler que les Francs étaient cités par les auteurs comme une appellation générique des peuples Germains, une ligue dont font partie les Saliens qui vont ensuite faire beaucoup parler d’eux.
Reprenons le fil de l’histoire :
Constantin 1er, qui règne de 306 à 337, rétablit la romanité dans la région, reconstruit les villes et les frontières. Il érige un château à Maastricht à partir des pierres des temples démolis. Tongres est reconstruite et devient siège épiscopal (caput civitatis) du diocèse. La religion chrétienne, religion embrassée par la cour de l’empereur, est introduite par un des ses proches, Saint Materne, évêque tout droit venu de la capitale provinciale Cologne. Si Verviers est encore habitée, elle devient en ce cas terre de chrétienté et reste latine. L’économie de l’esclavage survit.
A Tongres, Saint-Servais fait bâtir une première ‘cathédrale’ en 350, mais choisit d’installer ses quartiers à Maastricht.
Dès 358, les Francs dits Saliens s’installent durablement en Germanie inférieure (ou Germanie seconde comme on la dénomme depuis Dioclétien au début du IVème siècle), au nord de la voie romaine Cologne-Tongres et jusqu’à à l’Escaut (la région est dénommée Toxandrie - on tient cette histoire d’un texte contemporain). Ils y sont autorisés, venus en délégation à Tongres, par le futur empereur Julien (à l’époque césar de Constance II), en gardant leur roi, leur religion, leurs lois et leurs institutions pour autant qu'ils s'engagent à contribuer à la défense de l'empire.
Curieuse coïncidence que le tracé de la frontière linguistique actuelle (Flandre-Wallonie) corresponde approximativement à celui de la voie romaine, à deux ou trois kilomètres près jusque Hannut (la frontière remonte ensuite au nord jusqu’à Hélécine, mais nous sommes déjà en Brabant wallon) …



Une autre coïncidence aussi troublante réside dans le fait que la frontière entre le picard et le wallon épouse approximativement la frontière ‘wallonne’ entre les deux provinces romaines, la Belgique seconde et la Germanie seconde. On observe que cette limite correspond à celle du diocèse de Liège, institution fondée au IVème siècle et calquée sur les limites de la Germanie seconde, dont le centre fut à l’origine Tongres déjà évoqué et se déplaça à Liège au VIIème siècle. Le diocèse de Liège devint Principauté de Liège et disparut sous la République française qui instaura les départements.
Certains historiens répugnent à reconnaître aux Francs Saliens la paternité du néerlandais, car ils s’expliquent mal comment si peu nombreux, ils auraient pu avoir une telle influence en peu de temps. De plus, comment comprendre que leurs chefs devinssent romanisés en descendant vers le sud, passés le Tournaisis.


Pour résoudre l’énigme, une autre école affirme que la Belgique était déjà fortement germanisée avant les Romains, de sorte que c’est naturellement après la chute de l’empire que le néerlandais (qu’on pourrait continuer à appeler par commodité ‘vieux-francique’) s’est développé vers le sud jusque Bethune et Etaples au VIème siècle. Il aurait ensuite reflué vers le nord en raison de la christianisation (et ses grands domaines agricoles), en particulier en Principauté liégeoise. Mais est-il intelligible que les langues romanes ayant fait reculer le néerlandais jusqu’au Xème siècle se seraient divisées selon une frontière interne à l’empire romain depuis fort longtemps disparu: à l’ouest, le picard et à l’est, le wallon ? Le mystère reste entier !
[A suivre]

lundi 20 septembre 2010

activités en perspective

Les expositions en cours à l'Espace Duesberg rencontrent un beau succès !
Pour permettre à ceux qui n'en ont pas encore eu l'occasion de voir les photos de la Havane ainsi que le Mural pour la Paix (avant son départ pour le théâtre national de Bruxelles), une rencontre avec les artistes est organisée le samedi 2 octobre 2010 de 15 à 16 heures 30. Cette séance de clôture des expositions sera l'occasion de présenter les travaux réalisés en ateliers et d'expliquer la pédagogie appliquée. Réservation souhaitée pour le 29 septembre

Le 8 octobre 2010 à 18h30 aura lieu le vernissage de la porte de la paix d'Alain De Clerck (Espace Blavier, place du Marché à Verviers).

Les 16 et 17 ocotbre 2010 aura lieu la foire du livre politique à Liège.
Le samedi 16 après-midi, une visite en groupe est proposée. Nous serons accueillis par Jérôme Jamin qui a mené nos cafés citoyens au printemps dernier. Nous participerons à l'un des débats sur les thèmes suivants : modes d'expression culturelle des revendications des travailleurs (au départ de l'exemple liégeois dans les 70') OU l'avenir de la défense en Belgique (détails sur le site de la foire du livre).
Désignez le débat auquel nous participerons, à la majorité des opinions exprimées : inscrivez-vous provisoirement à l'un ou l'autre. Mention du résultat : le 13 octobre.

Le 29 novembre 2010, un covoiturage est proposé pour assister au café politique "Belgique, laboratoire de la désunion européenne" avec Jean-Pierre Stroobants, auteur du livre portant le même tire, correspondant du Monde à Bruxelles. Animation: Marc Vanesse (ULg). Inscription souhaitée pour le 25/11/2010

vendredi 10 septembre 2010

Pourquoi on parle le français (ou presque) à Verviers ? (I)

1ère partie : la colonisation romaine
Quelles langues a parlé la population de Verviers dans sa vie quotidienne (non pas la langue écrite, lue dans les livres, les journaux ou pratiquée dans les actes administratifs mais celle réellement usitée dans la vie courante) ?
La langue celte (ou gauloise, assez unifiée) a été présente dans la région pendant 1500 ans. Ensuite, à partir de la colonisation romaine, la langue évolué : d’abord en un mélange aux proportions incertaines entre le celte et le latin populaire, ensuite en un ‘dialecte’ roman local sous les Mérovingiens (qui n’a guère laissé de traces), puis, du milieu du VIIIème siècle jusqu’aux années 1980 (?), vers le wallon, avec une connaissance passive du français depuis 1250 tendant vers un bilinguisme de plus en plus soutenu, enfin vers le français (avec ses belgicismes) depuis 30 ans.
On constate qu’actuellement, le wallon recule à mesure de la disparition de la population la plus âgée et devient une langue morte, bientôt considérée comme patrimoine culturel. Le nombre de locuteurs en wallon a brusquement décliné entre 1930 et 1960, après des siècles de stabilité. La création de la Région wallonne, organe de l’Etat belge, n’a nullement enrayé la chute.
Verviers aurait pu devenir néerlandophone ou germanophone. Nulle prédestination en la matière : la langue est bien le produit de l’interaction entre les hommes.
Verviers est aujourd’hui proche de la frontière linguistique qui sépare le français de l’allemand. Dans le passé, elle en était plus proche encore.
Voyez l’étymologie de Stembert - stein berg, montagne de pierre, celle de Grand et Petit-Rechain - habitation (germanique, -haima) du riche, du puissant (germanique, rikja-). Plus à l’est, celle de Bilstain dont le nom signifie roche (-staina) en saillie (bili-). Ces noms ont été formés à la suite de la colonisation franque qui a poussé jusqu’au voisinage immédiat de Verviers sans vraiment s’y établir, indique Henri Pirenne.
Lorsque Jules César arrive près de Liège (-54), il y combat les Eburons (celto-germaniques), qui possèdent une forteresse à Atuatuca : peut-être s’agit-il de l’actuelle Tongres, située sur l’arrête séparant les bassins hydrographiques mosan et scaldien.
En peu de temps, Rome conquiert les Belges. Pendant trois siècles d’occupation romaine, les campagnes de la province sont au contact avec les légions et les colons qui sont venus vivre dans la région. La centralisation politique s’opère à partir de Tongres (qui sera finalement la seule grande ville romaine de l’actuelle Belgique).
Pour vivre, il faut savoir communiquer avec les occupants qui développent le commerce et l’industrie. Les colons romains parlent le latin vulgaire. Ce latin parlé, dépourvu du squelette de l’écriture, se différencie localement au contact avec le celticisme rémanent.
Par ailleurs, les Romains intègrent des dieux gaulois au Panthéon (telle la déesse Arduinna-la-Noire, chevauchant les sangliers, assimilée à Diane et source des célèbres Vierges noires).

La rurale et paisible Verviers a-t-elle échappé à la romanisation ? Certains auteurs estiment que les Romains n’ont été présents qu’à Tongres et dans quelques lieux, sans se répandre dans les campagnes. Pourtant, les traces archéologiques à Verviers ne peuvent qu’impressionner : une médaille en argent de l'empereur Hadrien trouvée en face du pont des Récollets ; une monnaie en or d'Antonin le Pieux au pied de la Montagne de Hombiet ; un trésor monétaire à Petit Rechain (50 pièces en argent, époques de Valérien et Gallien, Chaussée de la Seigneurie) ; des vestiges d’un cimetière romain en Terre Hollande ; plusieurs tombes romaines contenant des vases perdus par la suite, à l’exception de quatre acquis par J.S. Renier, actuellement au musée communal de Verviers ; quatre tombes romaines à Stembert (lieu-dit Trawa) qui fournit trois monnaies de bronze, une épingle en cuivre doré, quatre objets de bronze, deux en verre, une statuette, 26 poteries (beaucoup de ces découvertes furent abîmées durant ces fouilles d’une époque révolue) ; des vases romains trouvés à Heusy (Thiervaux, villa Laoureux) dans un tumulus aplani durant le chantier.


Au 1er siècle, Theux (appelé Tectis) et Juslenville possèdent une villa, des thermes, un temple dédié à Jupiter, Junon et Minerve, un cimetière belgo-romain (daté de 70-80 après JC). A Spa, nous découvrons d’autres souvenirs romains. A l’époque, Liège n’est guère plus développée : une villa romaine munie d’un hypocauste sur le site de l’actuelle Place Saint-Lambert.

Rien ne permet d’affirmer avec certitude que le celte aurait survécu dans les campagnes jusqu’à l’arrivée du christianisme qui fut pionnier en 330-350, mais qui ne se développa véritablement qu’après l’arrivée des moines de l’Abbaye de Stavelot à partir de 650. Le wallon ne dérivant pas du celte, mais bien du latin parlé, il faut bien envisager une longue pénétration des langues romanes dans les populations pour expliquer son essor dans la région, avant l’arrivée de l’ancien français (dialecte d’île de France, illustré par la Chanson de Roland).
A SUIVRE...

samedi 4 septembre 2010

Toponymie de Verviers

Une célèbre encyclopédie en ligne - qui pour beaucoup d’entre nous fait office de référence mondiale - nous livre deux étymologies contradictoires :
(1) « Le nom de Verviers pourrait provenir de l'anthroponyme Virovius, qui aurait donné le toponyme Viroviacus » (ndlr: ‘l’endroit du romain dénommé Virovius’, thèse détaillée plus loin).
(2) « L'élément ‘–viers’ se retrouve dans 3 communes du nord de la France : Louviers et Reviers (Normandie), ainsi que Grand-Laviers (Picardie). Il pourrait procéder de l'élément (celtique ?) ver/var, hydronyme assez commun ». Exemple : le Var, fleuve qui se jette dans la Baie des Anges à côté de l’aéroport de Nice, terre des Celto-Ligures. On retrouve aussi la racine ‘ver’ dans Warvick, ville d’Angleterre. Ladite racine se rattache au sanskrit vā́r et au tokharien wär « eau » (langues indo-européennes).
Dans Etudes étymologiques & linguistiques sur les noms romans et bas-allemands de la Belgique (1880), G. Bernaerts évoquait p. 316-317 la similitude de l’étymologie de Verviers avec celle de deux autres villes d’origine romaine : Vervoz (commune de Clavier) et Wervik/Wervicq-Sud (près de Mouscron, à cheval sur l'actuelle frontière franco-flamande).
Dans son Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles (2005), Jean-Jacques Jespers avance que Verviers et Vervoz proviendraient tous deux de 'Viroviacus', mot gallo-romain composé de Verôvos (excellent, en celte) et -acus (terre, lieu), et signifieraient donc ‘très bonne terre’.
En ce qui concerne Verviers, cette thèse innove, les linguistes affirmant généralement que le suffixe ‑acus s’est adjoint au nom du propriétaire romain pour désigner son domaine : on dit qu’à l’origine, Verviers était le domaine de Virovius qui exploitait une ferme-villa sur l’emplacement actuel de la Place du Marché, la Summa Villa fondatrice de Verviers, à l’image du Palatin romain.
Wervik/Wervicq-Sud est nommée 'Viroviacum' par l’Itinéraire d’Antonin et 'Virovino' par la table de Peutinger. Wervik serait une des plus vieilles villes de Belgique ; sur la route romaine de Tournai à Kassel, elle figurait dit-on comme un lieu de repos. C’est là que la chaussée romaine traversait la Lys.


De son côté, Vervoz est nommée 'Vervigum' dans les textes chrétiens latins du Moyen-âge (862). Vervoz était située sur la route romaine reliant Dinant à Cologne.

A notre connaissance, il n’existe pas de document d’époque qui désigne Verviers sous le toponyme ‘Viroviacus’. Sous l’empire romain, Verviers était un obscur hameau. Aucune variante de Verviers n’apparaît non plus à l’époque franque, comme c'est le cas pour Wervik ('Viroviacensis'). Verviers n’apparaît qu’au XIIème siècle sur un document de l’Abbaye de Stavelot.

Ne doit-on pas s’étonner, si l’on accepte 'Viroviacus' (et sa variante en -acum) comme le nom porté sous l’empire romain par trois bourgs belges, que l’on puisse retrouver aux trois endroits un personnage romain nommé Virovius, suffisamment important pour qu’on parte de son patronyme pour nommer son domaine et plus tard son voisinage ?

En réalité, le sens du suffixe –acus est d’usage plus large qu’en référence à un propriétaire romain : le toponyme 'Andoliacus' (actuellement Andouillé près de Laval) en témoigne, qui a trait au mot celte « dol », signifiant ‘méandre’ ; de même, le mot celte 'condate' qui préside à la destinée de 26 Condé du nord de la France signifiait confluent (au Moyen-âge, on écrivait Condacum ; voir Kontich en Belgique, au confluent Rupel/Nèthe).

On remarquera avec amusement l’initiative consistant à considérer le Viroviacum de Wervik comme un hommage à un chef de village celte vaincu, Verovos dont l’existence reste mystérieuse.

Retenons, en oubliant l’imagination des faiseurs de légendes (bien que celle d’un futur Saint Remacle détruisant le temple de Diane sur la Place du Marché nous plaise particulièrement), que Verviers était certes un obscur hameau, mais que les Gaulois le désignaient déjà comme une excellente terre. Ce qui est du reste une pure vérité !