Charlemagne épousa en seconde noce Hildegarde de Vintzgau, avec qui il eut le futur Louis Ier dit « le Pieux » ou « le Débonnaire » qui fut empereur d’Occident de 814 à 840.
De Louis Ier et d’Ermengarde de Hesbaye, nacquirent plusieurs fils dont le futur Louis II, roi de Germanie de 843 à 876.
L’an 840 date la fin (définitive) de l’unité de l’empire carolingien avec sa division entre Francie occidentale, Francie orientale et Lotharingie. (C’est là le but du traité de Verdun dont on reconnaîtra, comme le font les historiens, qu’il influence encore notre continent).
Le traité de Verdun (840) crée la Lotharingie
En 870, le traité de Meersen partage momentanément la Lotharingie du nord entre la France et la Germanie. La frontière France-Lotharingie de 840 se situait sur l’Escaut. Avec Meerssen, elle se déplace sur la Meuse pour séparer cette fois Francie occidentale et Germanie (la partie au nord de la ligne Jupille-Fléron-Herve est en Francie orientale, dont les centres sont Francfort et Ratisbonne en Bavière).
En 880, le
traité de Ribemond fait passer une plus grande partie de la Lotharingie en Germanie : tout le diocèse de Liège fait désormais partie de la Francie orientale (jusqu’à la Révolution française).
On aurait tort de voir la marque du tracé d’une quelconque frontière linguistique dans ces traités. Ainsi, au nord de la Francie occidentale, on trouve le comté de Flandre dont le centre est à Bruges (avec à sa tête la maison des Baudouinides de 865 à 1119). Le comté va de l’embouchure de l’Escaut jusqu’au pays d’Arras roman (qui sera repris par la France en 1180).
Le parlé roman et le parlé thiois (mot dérivant du bas latin theodisca, basé sur la racine germanique ‘theud’, peuple)
sont donc
présents en Francie occidentale. Le diocèse de Liège est quant à lui également « bilingue ».
En 911, à la mort du roi-enfant Louis IV de Germanie, les dignitaires de
la Lotharingie élisent Charles le Simple (né dans la Somme, fils d’Adélaïde de Paris) comme roi (jusqu’en 923). Puis, la Lotharingie devient duché. Les ducs se succèdent : Gislebert (qui se place sous la tutelle d’Henri Ier de Germanie), Conrad Ier le Roux (945-953) qui épouse la fille du roi de Germanie, Otton Ier et Brunon de Cologne, frère de ce dernier.
Pour réduire l’influence de la Lotharingie, souvent en révolte contre l’empereur de Germanie (titre créé en 962), Brunon, duc et archevêque, la divise en 959 à hauteur d’une ligne Bouillon-Coblence et place deux vice-ducs sous son autorité.
Liège (principauté à partir de 985) fait désormais partie de la Basse-Lotharingie, de même que le Duché de Limbourg dès 1065.
La Lotharingie inférieure durera 250 ans, pendant lesquels les influences romanes et germaniques continueront à s’entrechoquer ou à s’entrelacer.
En 1190, l’empereur germanique Henri VI la fait exploser pour accorder davantage d’«autonomie » aux différentes entités qui traverseront les siècles jusqu’à la révolution française : Duché de Brabant, Duché de Limbourg, Marche de Namur, Comté de Clèves, Comté de Gueldre, Comté de Hainaut, Comté de Hollande, Comté de Looz, Comté de Luxembourg, Principauté de Cambrai, Principauté de Cologne, Principauté de Liège, Principauté d'Utrecht.
L’intégration du diocèse de Liège dans la Francie orientale (puis en Germanie, puis dans le Saint Empire germanique)
ne semble pas avoir fait progresser les parlers thiois en région romane. Est-ce dû aux influences contradictoires qui se sont neutralisées entre les branches occidentales et orientales de la dynastie carolingienne ?
Par contre,
l’influence du wallon liégeois se fit progressivement plus forte, surtout au XIVème siècle (sous le puissant prince-évêque
Adolphe de la Marck), dans les communes de la vallée du Geer qui furent bien après rattachées à la province de Limbourg avant de retrouver en 1963 leur giron “
historique” liégeois.
Autre exemple, Otrange (également sur le Geer et redevenu wallon en 1963) ne devint majoritairement wallon qu’au XIIIème siècle. Otrange était situé dans la partie romane du comté de Looz (comté créé aux alentours de l’an mil et absorbé en 1366 par Liège).
Pendant des siècles, les langues se sont cependant
côtoyées dans ces villages. Pendant ces siècles, la notion de frontière linguistique était inconnue.